Ancien entraîneur national du triple saut et de la longueur, Régis Prost est décédé samedi dernier, à l’âge de 82 ans. Il laisse un héritage immense à la famille des sauts français.

« Il était plus énervé que nous sur les sautoirs. Je lui disais : “ Calme-toi Régis ! “ Il adorait tellement les sauts. Il vivait pour ça. » L’anecdote, racontée par un de ses anciens élèves, le champion d’Europe 1974 de la longueur Jean-François Bonhème avec 8,17 m (qu’il conseillait en tandem avec Hugues Raffin-Peyloz), dit beaucoup de la passion de Régis Prost pour l’athlétisme. Il accompagna, entre autres, les triple sauteurs Bernard Lamitié (16,94 m) et Serge Firca (16,38 m), ainsi que le sauteur en longueur Norbert Brige (8,22 m, avec également Serge Bord aux manettes). Et noua, en particulier avec le premier nommé, des liens très forts d’amitié.

International A à quatorze reprises, dans les deux sauts horizontaux, celui qui porta successivement les couleurs de l’AG Bourg-en-Bresse, de Pont-de-Vaux, du Paris Université Club, de l’ASU Bron et enfin du Stade Français, va révolutionner le triple saut hexagonal. En faisant venir en France à plusieurs reprises, dans les années 70, le Polonais Józef Szmidt, premier homme au-delà des 17 m avec 17,03 m, il bouleverse les fondamentaux techniques enseignés jusque-là en France. « Il allait un peu à l’encontre de ce qui se faisait à l’époque, raconte Jean-Hervé Stievenart, qui fut un de ses protégés avant de devenir, quelques années plus tard, à son tour entraîneur national. Jusque-là, c’était assez bourrin. Lui privilégiait le saut à plat avec de la conservation de vitesse. Ensuite, il n’y a plus eu de débat technique chez nous. On a gagné un temps énorme. Ce n’est pas un hasard si le triple saut, surtout chez les hommes, est toujours resté en bonne santé. Parmi tous ses écrits, encore aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de virgules à changer. »

A la manière d’un Maurice Houvion à la perche, Régis Prost était un transmetteur, qui « n’hésitait pas à prendre sa caisse pour faire le tour de France et prêcher la bonne parole », dixit Jean-Hervé Stievenart, 7,86 m et 16,21 m au début des années 70. En plus de ses compétences athlétiques, le coach faisait profiter les athlètes qu’il entraînait de ses qualités humaines. « Il avait le cœur sur la main, était toujours disponible et souriant », se souvient Jean-François Bonhème. « Il aimait bien rigoler, avait toujours des bonnes blagues, prolonge « Stieve ». Ça n’était que du bonheur, du plaisir et du sérieux. » Des qualités exprimées avec éclectisme, puisque Régis Prost était aussi un excellent pianiste, ainsi qu’un peintre et sculpteur de talent.

La section athlétisme du PUC adresse ses condoléances les plus sincères à la famille et aux proches de Régis Prost.